Iris et mirettes, Tour de Foire, Bologne 2007


Extrait de l’article écrit par Elisabeth Lortic de l’association Les Trois Ourses à Paris, pour la revue Bibliotèques, No.33, juillet 2007.


Les nouveautés : JILL HARTLEY


Parmi les nouveautés photographique vues à la Foire, notre attention a été attirée sur le Mexique par le stand de Petra ediciones, éditeur déjà « repéré » par le jury de la Foire pour le travail de la photographe Jill Hartley avec Lotería fotográfica mexicana ( 1995, 1999 ) et El Guardagujas de Juan José Areola (1998).   

Jill Hartley parle lentement, nonchalamment, les yeux grands ouverts sur vous et sur le monde qu’elle parcourt comme rêveusement : pourtant son regard est précis. A l’instar de ses photographies, elle est réfléchie et poétique. « Etrangère en permanence », elle habite à Mexico ou à  Paris et elle voyage… ailleurs. A la mort de son amie Tana Hoban en janvier 2006, elle regarde à nouveau ses livres qu’elle apprécie depuis longtemps. Cela lui donne envie de réaliser un imagier pour les petits mexicains. Elle se concentre sur des objets typiques du quotidien. Elle dit avoir un regard d’« étrangère » qui lui donne le recul et une perception plus forte de l’environnement quotidien ( bien sûr on pense encore à Tana et sa façon de photographier les serpillières des rues parisiennes). 

Le premier imagier ¿Círculo o cuadro ? (Cercle ou carré ?), se réalise en deux semaines. Jill est surprise de l’intérêt des autres pays pour un imagier si spécifique. Sans doute l’attraction des couleurs du Mexique : pour un des titres qui a suivi Rayures et flèches « j’avais fait des photos en Europe et c’était froid.  J’ai dû prendre la plus part des photos au Mexique où il y a une qualité spéciale, une espèce de chaleur. « Au fur et à mesure, avec du temps et du travail, la relation très forte aux livres de Tana s’estompe. Jill se prend au jeu du Rouge et vert . Ce sont  les couleurs du drapeau mexicain qui imprègne la vie quotidienne, du plat patriotique « chilis en nogada »  (poivrons verts en sauce blanche de noix parsemés de graines de grenades) aux peintures de fête nationale sur les joues, les cils… « C’est en me promenant sur le marché que le rouge et vert est venu vers moi » et « c’est dans ma cuisine en regardant une affiche indienne de fruits que j’ai pensé à Couleurs et saveurs. Le concept est une chose qu’il faut expérimenter pour ne pas se laisser coincer. Il faut trouver la solution graphique. Je faisais de la peinture mais je n’ai jamais réussi à peindre sur les photos. Du coup, avec Photoshop, je peux manipuler les couleurs sur deux photos ensemble et cela devient un jeu pour n’en faire plus qu’une seule ».

L’éditrice Peggy Espinosa lui passe commande d’un reportage pour un nouveau titre d’une collection de grands textes littéraires illustrés par la photographie en noir et blanc destinée aux adolescents. Jill, qui n’a plus de laboratoire pour tirer ses photos en noir et blanc, réalise en numérique les photos d’Italo Calvino en Mexico.